L'HOMME ET LA NATURE.

 

La relation que l’homme entretient avec la nature est particulière : le plus souvent duale, selon le modèle attraction/répulsion : on aime / on déteste. Avec comme conséquence, on protège / on détruit. Elle est fortement liée à nos émotions, à nos peurs, notre désir de sécurité… En matière de nature, nos comportements sont le plus souvent irrationnels ; la preuve en est déjà par tous les biocides proposés à la vente pour nous garantir des maisons saines, exemptes de nature : désinfectants, acaricides, raticides, insecticides, pesticides, fongicides, herbicides, … La nature, oui, mais pas chez moi !

Avec les animaux plus spécifiquement, l’homme noue trop souvent une relation particulière basée sur l’anthropomorphisme : tant qu’il peut projeter des comportements humains sympathiques à un animal, il trouvera celui-ci sympathique aussi et sera enclin à le protéger. Sans toutefois chercher à savoir ses besoins, son mode de vie, le milieu dans lequel il évolue, les relations qu’il entretient avec ses congénères, … connaissances nécessaires pour adapter nos comportements au profit de cet animal. Et tant pis pour celui qui ne nous « revient » pas…

Enfin, le regard que nous portons sur ce qui nous entoure est affecté par notre propre représentation du monde. Ce qui est représenté et non ce qui est réellement. On considère que sociologiquement, les humains diffèrent par leur conception du monde à la fois entre eux mais aussi que celle-ci évolue durant leur existence propre. La Spirale dynamique, théorie élaborée par le professeur Clare W.Graves, distingue plusieurs niveaux de représentation :

-la nature, lieu de survie

-la nature, territoire des esprits à ménager et concilier

-la nature, territoire à exploiter pour satisfaire besoins sans limite

-la nature exploitable mais avec des limites imposées dans un système hiérarchique,   la gestion est le mot-clef

-la nature pleine de ressources exploitables, finies mais maîtrisables par les            technologies

-le monde et ses ressources appartiennent à tous, il faut un consensus pour préserver l’environnement 

- la nature est faite d’écosystèmes qu'il faut connaître et dont le fonctionnement doit être respecté.

Ces conceptions sont très différentes les unes des autres : les hommes modifient leur système de valeurs afin que leur existence se déroule de la manière qu’ils pensent la plus appropriée.  Cela est applicable tant au niveau de l’évolution des sociétés humaines que de l’évolution de l’individu. Le passage d’un système à un autre nécessite une prise de conscience et un passage par un « état critique ». Néanmoins, un nouveau système de valeurs, lorsqu’il s’établit, ne fait pas disparaître les précédents, il l’englobe et apporte des fonctions supplémentaires (ex. : on peut faire l’analogie avec la séquence cellule>organe>corps : chaque cellule est un tout qui fonctionne, l’ensemble des cellules forme un organe, chaque organe a sa fonction propre qui diffère de celle de la cellule isolée, l’ensemble des organes forme un corps qui fonctionne lui aussi comme un tout et n’est pas chaque organe...). Évolution complexe… Cette approche permet en partie de comprendre pourquoi le beau, l’utile, ... sont différents d’une personne à l’autre, d’un groupe à l’autre. Pourquoi l’un s’extasiera devant une fourmi que l’autre considérera comme nuisible ! Pourquoi, comme le suggère François Terrasson, on est dans une attitude « bouge-toi de là que je m’y mette » plutôt que « pousse-toi un peu que je m’y mette ». Pourquoi aussi la biodiversité est tenue comme quantité négligeable par une grande partie qui la considère à notre service uniquement, remplaçable par la technologie, produit du génie humain considéré comme au summum de la pyramide ! Il reste encore quelques phases critiques à traverser.

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