LA PHOTO COMME MÉDIA.

 

La photo est devenue accessible à tout le monde ces dernières années avec la généralisation des appareils compacts et surtout l’avènement des smartphones. Elle fait partie de notre quotidien et c’est en cela qu’elle est un média intéressant. Chacun ose montrer, parler naturellement, communiquer, échanger à propos de photos. La parole est libérée. Et par là aussi, les souvenirs, les références, les connaissances, les valeurs, les croyances, l’imaginaire. Ce qui fait l’intérêt de la photo ne réside pas uniquement dans son caractère esthétique, technique ou artistique mais aussi dans ce qu’elle suscite chez la personne qui la regarde. Une photo représente aux yeux de celui qui regarde ce qui a été, ce qui a été vécu ; on ne peut rien changer à cette réalité. Pour le spectateur, une photo ne ment pas, seule son intention diffère.

Dans le cas d’un paysage par exemple, la photo est la réalité d’un moment donné et toujours antérieur ; elle peut servir de point de comparaison entre 2 moments différents mais toujours du passé. Elle ne prédit rien du futur. Mais elle laisse entrevoir des territoires à explorer et de possibles devenirs.

Donc la photo implique la présence de 2 acteurs au moins : le photographe et celui qui regarde. L’un fixe un regard sur une image et l’autre lit l’image. Mais la photo ne mobilise pas que le sens visuel, même chez le photographe. Celui-ci utilise son appareil comme un organe sensoriel supplémentaire, comme un 3ème œil ; il est dans une relation « corps à corps » avec celui-ci. Lorsqu’il prend une photo, il mobilise non seulement le doigt qui appuie sur le déclencheur mais aussi son corps en s’approchant, se couchant, se mettant à genoux… et avec lui tous ses sens, les odeurs, la température …

La démarche du photographe est créatrice ; et Serge Tisseron ajoute que « … derrière ce désir, se profile celui d’une clarification du monde par son image. » Il me semble en cela proche du philosophe Charles Pépin qui, en parlant de la beauté, écrit : « Peut-être est-ce finalement sa plus grande vertu : nous apprendre à aimer ce que nous ne comprenons pas. »

 

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