LES ÉMOTIONS.

 

L’homme est un animal doué d’émotions. Qu’est-ce qu’une émotion ? Le mot vient du latin, e-movere,  et suggère « ce qui met en mouvement ». Les émotions sont une réponse du cerveau en réaction à des informations en provenance du monde extérieur. Celles-ci stimulent nos organes sensoriels, vue, odorat, ouïe, toucher, goût qui les transforment en influx nerveux qui, après avoir parcouru les voies nerveuses, gagnent les centres supérieurs.

Ainsi, lorsqu’un photon touche la rétine, il déclenche une réaction électrochimique et l’influx nerveux produit va cheminer le long des voies optiques jusqu’à un noyau à la base du cerveau, le thalamus qui va envoyer un signal vers le cortex visuel, situé à l’arrière du cerveau. Le cortex analyse le message et renvoie un message à l’amygdale si une réaction émotionnelle est nécessaire (par ex. fuir si une menace est détectée).

Le thalamus a déjà envoyé directement un signal à l’amygdale permettant une réaction rapide et moins fine : une réponse émotionnelle avec son cortège de modifications physiologiques et hormonales est déclenchée avant que le sujet n’en soit conscient ! Par exemple, la peur fait pâlir la personne, la circulation sanguine se faisant principalement au niveau des muscles, facilitant la fuite ; le corps est un moment comme paralysé, peut-être pour donner le temps d’une appréciation rapide de la situation pour prendre la décision la plus appropriée. Simultanément, des hormones de stress sont sécrétées qui maximalisent l’état d’alerte et la vigilance. Ces modifications neurochimiques se marquent durablement dans la mémoire et permettent de réagir plus rapidement lorsque le danger se représente ultérieurement.

Enfin, le thalamus envoie également des signaux vers le cortex dit préfrontal : celui-ci module la réaction de l’amygdale en donnant une réponse plus appropriée et plus précise, une réponse « après analyse ».

Ce qu'il faut retenir:

-le cerveau est constitué de trois niveaux : le niveau reptilien qui assure les besoins utiles à la survie (faim, soif, fuite…), le niveau limbique qui est la source de nos émotions et régit nos comportements sociétaux, le niveau cortical qui a une fonction d’analyse.

-les organes sensoriels reçoivent des informations du monde extérieur, informations transmises au cerveau le long des voies nerveuses.

-arrivées au cerveau, les informations déclenchent des actions et rétroactions entre les différents niveaux, donnant la réponse la plus appropriée à la situation.

-les études actuelles montrent que ce système d’actions et rétroactions n’est pas figé une fois pour toutes. On parle de « plasticité neuronale ». L’entraînement par la méditation par exemple modifie les voies empruntées : les informations vont directement au niveau cortical. Les émotions sont toujours bien présentes mais ne submergent plus la personne. C’est la réponse après-analyse qui est privilégiée.

-le cerveau se souvient des expériences antérieures. Cette mémoire émotionnelle est un atout pour la survie (sauf quand l’expérience initiale est entachée de méconnaissances ou de fausses interprétations (par ex. le cas du chat noir)).

 En conclusion : c’est un système complexe qui nous permet de faire face de la manière la plus efficace aux différentes situations.

 

                                                                                                    aire visuelle

                                                                                                /

                    Œil>>>rétine>>>thalamus>>>amygdale

                                                                                                \

                                                                                                   lobe préfrontal     

                                                                            

http://www.unites.uqam.ca/cnc/psy4042/emotion.pdf

http://4.bp.blogspot.com/_6ZbIX1QameA/Say8Pil7pnI/AAAAAAAAAA0/-MEWRg14V7A/s1600-h/I10-80-prefrontal.jpg

 

Certains catégorisent les émotions en émotions principales et secondaires. Les émotions principales sont la tristesse, la joie, la peur, la colère, la surprise et le dégoût. Les émotions secondaires sont un mélange de ces émotions principales. La plupart des émotions que nous ressentons sont teintées de plusieurs affects. Elles sont façonnées par l’expérience mais également par la culture qui a un rôle presque tout aussi important. Si la tristesse est éprouvée par tous les humains à la mort d’un proche, la manière de la manifester est éminemment culturelle (durée du deuil, vêtements, rites funéraires…). Elles peuvent être transmises, comme par exemple la peur des chats noirs, des chauves-souris et étant hors champ de l’expérience, elles sont alors souvent liées à une méconnaissance et une ignorance : la peur déclenchée par un animal sombre croisé ou frôlé dans l’obscurité a ainsi suscité des comportements irrationnels transmis de génération en génération.

Et, comme cité plus haut, le cerveau peut être entraîné et les émotions peuvent être maîtrisées, acceptées sans qu’elles ne prennent toute la place.

Les émotions sont en effet contradictoires : autant elles peuvent être bénéfiques pour avoir la réponse la plus appropriée à un événement donné, autant elles peuvent devenir néfastes lorsqu’elles submergent l’espace de rationalité et deviennent un obstacle à la connaissance, perpétuant même l’ignorance. La tradition et la transmission, aussi respectables soient-elles, ne peuvent être des dogmes et doivent pouvoir être remises en question.

Les émotions, qu’elles soient plaisantes ou désagréables, sont à l’origine de nos actes et attitudes. Il en est de même dans notre rapport à la nature. Les émotions que la nature suscite sont très diverses allant de l’amour à la haine la plus tenace avec également une forte empreinte culturelle. Les contes mettent très fréquemment en scène des animaux auxquels on accole des comportements épinglés et hors contexte : par exemple, le grand méchant loup, la bave de crapaud, … Même les lieux sont dotés de tels attributs : la forêt noire, les marais brumeux, … L’imaginaire des humains par rapport à la nature est dès l’enfance nourri de représentations fausses ou incomplètes et qui perdurent des années durant faute d’interrogations et de curiosité !

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